SIENGSAMPHANH N° 7 - Avril 2000
Bannathikane
Voeux du Président de l'ULF
Couverture SSP no 7
Editorial
Carnet de route 2000
1. EDITORIAL .

SIENGSAMPHANH = LA VOIX DE L'UNION
Plus que titre de ce bulletin trimestriel, auquel je participe, Siengsamphanh c'est aussi tout un programme : celui de l'Union des Lao en
France (ULF) et de l'équipe dirigeante actuelle qui s'est fixé comme but de réunir les lao de France autour de thèmes consensuels tels
que : la culture, les usages et les traditions, la solidarité et l'amitié .
Cette action revêt, aujourd'hui, une importance capitale car elle conditionne l'avenir .

En effet, à l'heure où le pays "d'où je viens" se relève pour affronter un défi économique et social majeur (autosuffisance alimentaire,
amélioration des voies de communication, programme d'irrigation, augmentation de la production agricole, développement des
structures énergétiques), qu'il s'ouvre à l'économie de marché et au monde extérieur tout en préservant les traditions religieuses et le
patrimoine national (naturel, immobilier, mobilier, culturel) les lao de France, qui constituent une partie de l'élite nationale, n'ont pas le
droit de rester indifférents au devenir de leur pays natal ou d'origine .

De retour du Laos, où je viens de passer un mois et demi, je peux témoigner de cet essor car j'ai revu ce que j'avais redécouvert l'an
dernier, après 45 ans d'absence, et j'ai vu dans les provinces du centre et du sud que j'ai découvertes de Thakhek au plateau des
Bolovens en passant par Savannakhet, Paksé et Paksong, les signes concrets d'ouverture et de progrès .

Je me suis posé à Watay sur une piste rallongée capable d'accueillir de gros porteurs, j'ai utilisé le nouvel aéroport international
récemment mis en service, J'ai revu Vientiane et ses larges avenues, hier décaissées pour recevoir la plate-forme de support et les
différentes couches de revêtement, aujourd'hui presque toutes bitumées et bordées de trottoirs en bétons (signe révélateur : il y a moins
de poussière dans les rues du centre ville) . J'ai vu les travaux de pose de canalisations du réseau des eaux pluviales et des eaux usées,
j'ai vu de nombreux chantiers immobiliers et, aux alentours de la cité, de nombreuses résidences privées récentes ou en cours de
construction, j'ai vu une très nette amélioration du réseau routier de la capitale concrétisée par des nouvelles voies de circulation et
l'amorce d'un périphérique, j'ai vu une superbe Maison de la Culture encore bordée par des palissades de chantier mais déjà mise en
valeur par un éclairage de nuit .
J'ai vu la route nationale 13, qui va du nord au sud du pays, en cours de finition entre Savannakhet et Paksé, j'ai vu poser le dernier
tablier du pont de Paksé qui va améliorer la traversée du Mékong et ouvrir la route vers Bangkok à partir d'avril 2000, j'ai vu des
projets en cours de centrales hydroélectriques qui ne portent pas atteinte à l'environnement, j'ai vu un projet d'un nouveau pont entre
Laos et Thailande à hauteur de Savannakhet, j'ai
vu aussi les travaux de pose des bornes- frontières dans la province de
Champassak ...
Toutes ces réalisations concrètes et palpables témoignent d'une volonté de progrès social et de développement économique qui vont
permettre aux lao, toutes ethnies confondues, de communiquer entre eux, de mieux se connaître et, ainsi, mieux se comprendre ....

Cette dynamique nationale mérite d'être encouragée et soutenue par tous les lao où qu'ils soient . La Diaspora a apporté à ceux qui l'ont
subie imagination, énergie nouvelle et courage d'entreprendre . Intégrés dans leurs pays d'adoption ils ont acquis une culture nouvelle et
une vision élargie du monde . Ce sont ces qualités et ces compétences réunies qui peuvent servir, tant de l'extérieur qu'à l'intérieur, les
intérêts du pays que nous aimons tous .

Edmond JOUBERT
2. LAOS ... LE RETOUR .
Carnet de route 2000

Le retour ... un an après .
Dès le premier jour de l'An 2000, décollage de Roissy à destination de Vientiane où famille et amis m'attendent pour célébrer
le premier anniversaire du décès de mon cousin et le transfert des cendres de ma mère, dans un stupa rénové, au Vat Ong
Tu, pagode que ma famille maternelle fréquente depuis toujours .
Cette fois mon absence a été plus courte et j'ai fait un séjour prolongé afin de découvrir ma famille lao perdue de vue depuis
trop longtemps et renouer des liens amicaux et affectueux avec tous ceux qui ont connu mon père, ma mère et mon frère
aujourd'hui disparus mais encore présents dans les mémoires .
Par ailleurs, j'éprouve un vif besoin de découvrir des régions que j'ai survolées ... il y a 46 ans sans les avoir visitées
compte tenu des événements .
De retour en France, le bilan de mes souvenirs est plutôt positif mais il reste encore beaucoup à faire ...
En effet, au plan familial, j'ai renoué des liens d'affection avec mes cousins, cousines, leurs enfants, j'ai vu et revu des parents issus de
familles alliées, établies à Vientiane depuis toujours, qui ont évoqué notre arbre généalogique qui remonte jusqu'à la fin du 19ème siècle ...
il y a cent ans ... A défaut de traces écrites (l'état-civil a été mis en place par l'administration française) il faut se référer aux souvenirs
des témoins de ce temps qui se font , hélas, de plus en plus rares d'où ma hâte de poursuivre cette démarche pour laisser une trace à mes
enfants et petits-enfants et trouver d'autres parents lao pour qui je suis "tonton" ou "pho tao" selon les générations .
Au plan touristique, j'ai mis cap au sud à la découverte de Thakhek, Savannakhet, Pakxé, Pakxong, en faisant des haltes au Vat Phou, à
l'île de Khong, aux Si Phan Done, au plateau des Bolovens avec la complicité de ma famille et de mes amis que je remercie du fond du
coeur pour leur affectueuse et amicale sollicitude à mon égard .
Au cours de ce périple j'ai constaté les progrès réalisés, annonciateurs d'un essor économique prometteur, le potentiel de ces territoires
du sud qui jouxtent la Thailande, le Vietnam et le Cambodge, pays riverains avec lesquels les échanges commerciaux existants ne
demandent qu'à se développer, la volonté de la nouvelle génération confiante en l'avenir de leur pays ...
Le Laos est ,actuellement, une terre de mission qui suscite de nombreuses vocations .
J'ai aussi appris à connaître ce peuple lao si attachant par son sourire légendaire et sa gentillesse naturelle . J'ai partagé avec eux des
moments de joie et de peines qui se traduisent par un "basi" ou un "soukhouane" et... toujours un "boun" ...
C'est pourquoi, au terme de ce voyage, je sais que ce n'est qu'un au-revoir et que je reviendrai

Un rendez-vous avec l'histoire .
Au cours de mon séjour à Vientiane, en ce début de l'An 2000, j'ai eu le privilège, l'honneur et le plaisir de rencontrer le président Nouhak
Phoumsavane, précédent président de la R.D.P. Lao, aujourd'hui conseiller du comité exécutif du comité central du Parti populaire
révolutionnaire lao .
Accompagné par son neveu Soukpraseuth Sithimolada et des membres de ma famille lao j'ai été reçu à sa résidence le 4 janvier et le 4
février .
Au cours de la première visite, alors que je lui traçais l'itinéraire de mon enfance en pays lao, j'ai eu la surprise et la joie d'apprendre qu'il
avait connu la famille lao de mon père ainsi que des amis français de Savannakhet ayant eu des enfants de souche lao . Il m'a vivement
incité à revoir ces parents de la région de Lahanam, lieu de naissance de mon père .
Nous nous sommes revus à Savannakhet, à l'occasion des obsèques de sa belle-soeur Inpone Sithimolada, et il m'a congratulé en me
remerciant d'avoir suivi son conseil .
Au cours de la seconde visite, il m'a longuement parlé des liens qui unissent les peuples français et lao depuis plus de cent ans et il a
évoqué les conversations qu'il avait eues avec les présidents de la République Française, François Mitterand et Jacques Chirac, au cours
desquelles il était question de l'amitié entre nos deux peuples et de la place prépondérante de la France au sein de l'Union Européenne et
de la francophonie .
Ces propos affectueux et de concorde, le rappel de mes origines et de mon appartenance à des familles lao, l'évocation de la fraternité
entre le peuple français et le peuple lao, constituent pour moi un souvenir mémorable et une grande leçon d'histoire car je n'oublie pas
que mon grand-père, issu de Touraine, venu au Laos à la fin du siècle dernier, mon père né du côté de Lahanam, mon frère aîné magistrat
et coopérant, ont servi et aimé ce pays .
Venant d'un éminent personnage qui a marqué de son empreinte le destin de son pays et continue, aujourd'hui encore , à oeuvrer pour
l'unité du peuple lao en allant à la rencontre de ses compatriotes sur l'ensemble du territoire, ce message constitue un encouragement à ne
pas oublier de revenir aux sources de mon passé .

Nouvelles bornes frontalières entre R.D.P. Lao et Thailande .
Rendez-vous à la borne 15/5 .
Ouane Phommachack, Directeur Général du Département des traités et des droits du ministère des Affaires Etrangères est à Paksé
depuis le 6 décembre . Président du sous comité mixte frontalier lao-thailandais, il opère, actuellement, avec une équipe de techniciens et
un détachement thailandais, dans la province de Champassak . Il est secondé dans cette mission par Mongkhol Sasorith conseiller
juridique au ministère des Affaires Etrangères .
La mission a pour objectif d'entreprendre des travaux d'inspection et d'installation de bornes frontalières séparant cette province la de la
province thailandaise d'Ubon .
La frontière à borner s'étend sur une distance linéaire de 200 kilomètres constituant les portions 15 et 16 de la frontière lao qui passent
par les districts de Phonthong, Champasak, Soukhouma, et Mounlapamok, riverains de la Thailande . La durée des travaux, dans ce
secteur est prévue pour huit mois . Le prochain chantier se déroulera dans la province de Xaignabouri .
Selon le plan de travail général, cette mission doit s'achever en l'An 2000 pour les bornes implantées en zone terrestre et en 2003 pour la
partie fluviale, sauf aléas ou imprévus .

Le 15 janvier 2000, toute l'équipe lao s'est donné rendez-vous à la borne 15/5, située en pleine zone boisée, pour recevoir une délégation
composée de médecins, de jeunes pionniers, d'autorités locales, d'habitants du secteur, réunis pour encourager, remercier et offrir des
présents à ces hommes de terrain venus marquer, chez eux, les limites du territoire national . Cette opération revêt une très grande
importance pour les populations concernées
Après le décollage de Paksé, l'hélicoptère se pose sur une aire, aménagée en pleine forêt, à quelques minutes de marche de la borne
frontalière 15/5 (la
cinquième du secteur 15) autour de laquelle se déroule la cérémonie. . Après réception des cadeaux et les discours
d'usage, Ouane Phommachack fait, pour les journalistes présents, un exposé de la situation des travaux en cours . Puis c'est le retour vers
le campement provisoire, à mi-chemin de la borne et de l'aire
d'atterrissage . Les médecins font subir au personnel de la mission une visite médicale périodique . Ces derniers, sans rancune, en
attendant l'hélicoptère qui ramène tout le monde à
Paksé, improvisent des chants et des danses pour remercier les membres de la délégation .

Cette incursion sur le terrain, lieu de travail quotidien de ces hommes, permet de connaître leurs conditions de travail qui ne sont pas de
tout repos . En effet, il s'agit de retrouver les anciens bornages, vérifier si leur emplacement est conforme au point défini par les traités de
référence (1), édifier la nouvelle borne sur le site défini et contrôlé par G.P.S. (guidage par satellite) . Cette tâche nécessite des
déplacements, à travers des terrains boisés, escarpés, humides et glissants, parfois dangereux car il subsiste dans, certaines régions, des
engins explosifs de toutes sortes encore activés . Des membres de la mission en ont été les victimes .
En ce qui concerne les conditions de vie, elles sont rudes car les campements sont, par nature, rudimentaires . Heureusement les
populations voisines aident à améliorer l'ordinaire .
Sur le plan matériel, la mission dispose d'un support aérien militaire efficace qui permet de rallier rapidement les zones concernées .
Au niveau de l'équipement individuel les membres de la mission lao sont confrontés à leurs homologues militaires thailandais, qui
partagent leurs travaux quotidiens . La comparaison ne joue pas toujours en faveur des lao .
Mais le moral reste au beau fixe car, dans chaque secteur traversé, l'accueil des populations est aussi chaleureux que celui du 15 janvier .
Pour ces hommes qui ont commencé les travaux en 1997, ont posé 93 bornes sur les 425 kilomètres des 1835 kilomètres de frontière
commune lao-thailandaise (en plus de deux ans), leur mission, reconnue et soutenue par les populations locales, est un motif de fierté :
ils marquent le territoire national .

(1) La délimitation frontalière entre ces deux pays est basée sur les cinq traités franco-siamois, réapprouvés en 1996 par les
gouvernements respectifs :
1. Convention du 13.02.1904,
2. Accord du 29.06.1909 modifiant et complétant la précédente convention,
3. Traité du 23.03.1907,
4. Protocole concernant la délimitation des frontières et les annexes du précédent traité,
5. Convention du 25.08.1926 .

Promenade sur le Mékong .

Un petit train nommé souvenir ...
En bordure du Mékong, en aval de Paksé et en amont de la frontière cambodgienne, il est un petit village, enfoui dans la verdure,
accessible seulement par voie fluviale : Ban Khonetai . C'est là que se cache un vestige du passé qui mérite d'être conté .
Il était une fois ...un petit train tiré par un locomotive à vapeur exposée aujourd'hui à Ban Khonetai . Les wagons ont disparus , les rails
aussi . Seules traces du passé : un remblai sur lequel devait être posée la voie ferrée, un pont à arches qui franchit le Mékong et, en
amont, à Ban Donedeth, une installation portuaire dont il ne reste qu'une structure de pont transbordeur .
Ces vestiges sont ceux d'une installation ferroviaire établie après la première guerre mondiale par une compagnie de transport maritime
qui l'a exploitée jusqu'en 1941 .
Ce petit train permettait l'acheminement des marchandises (fruits et légumes), du Cambodge à Paksé, en contournant les chutes de Hang
Khone .
C'est en amont de ces chutes que les marchandises étaient déchargées et embarquées sur le petit train puis transportées, sur 6 kilomètres
et demi, vers Ban Donedeth où elles étaient transbordées pour reprendre, à nouveau, la voie fluviale jusqu'à Ban Kinak (ex- Nakhabouli) .
Là, elles étaient à nouveau déchargées et rechargées sur des camions qui les transportaient vers Paksé sur l'actuelle RN 13 aujourd'hui
utilisée pour transporter, sans rupture de charge, le marchandises en provenance du Cambodge .
Un témoin de cette époque Vandy Chantalat, natif de la région , âgé de 88 ans, raconte :
"J'ai été embauché à 18 ans, comme conducteur du train, sous l'administration française jusqu'en 1941 ..." et à propos du pont : "...il a été
construit en 1917 . " .
Il exhibe fièrement son livret individuel de travail, son diplôme et sa médaille du travail qui lui ont été décernés par les autorités
françaises .

Avec la petite locomotive, le pont à arches, le pont transbordeur et le talus sur lequel était posée la voie ferrée, c'est un des derniers
témoins d'une époque et d'un train qui pourrait être nommé "souvenir" .

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